Green Room

Quel plaisir de délaisser de temps à autre les salles de la chaîne qui m’a encarté pour retourner dans un petit cinéma de quartier, vivant et plein de charme, qui plus est pour y voir une avant-première dans le cadre d’un festival de genre.

Je ne connaissais pas le travail de Jeremy Saulnier, remarqué à la Quinzaine des réalisateurs 2013 avec l’acclamé Blue Ruin, et j’ai donc découvert avec un œil innocent son troisième long-métrage…lui aussi sélectionné à la quinzaine l’an dernier.

Ce film, sobrement rangé par Wikipedia dans le genre « thriller horrifique », est en réalité assez inclassable: c’est un mélange de dialogues très posés et de phases de violence rapides et pleines de gros plans sanglants, le tout entrecoupé de plans de nature très léchés. Improbable ? Oui. Surtout pour un huis-clos/prise d’otage dans le milieu néonazi.

Et pourtant une belle brochette d’acteurs y a cru: Patrick Stewart, alias Jean-Luc Picard/Professeur Xavier, campe placidement le patron des méchants nazis; on reconnaît Anton Yelchin (les Star Trek de J.J Abrams, l’excellent Le complexe du castor, ou encore le nanar sanglant Fright Night) et Alia Shawkat, qui a débuté dans l’excellent Three Kings (Les rois du désert en français, absent de sa filmographie sur Wikipedia France…) et s’est véritablement fait un nom dans la série Arrested Development; enfin l’étrange Imogen Poots, d’ailleurs aussi dans Fright Night, vient ajouter cet objet cinématographique non identifié à une filmographie déjà bien improbable (de Need for Speed à Knight of Cups, entre autres…).

 

Si l’idée de base et l’univers punk s’allient à merveille, il manque néanmoins à ce film un petit quelque chose: les 45 premières minutes sont bien trop longues, et la fin est améliorable malgré un dernier plan très réussi. C’est tout de même très qualitatif pour le troisième long d’un réalisateur relativement jeune ! A voir en salles à partir du 13 avril.

PS: affiche assez géniale, il faut l’avouer !

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10 Cloverfield Lane

N’ayant pas vu (en entier) le premier opus, la bande-annonce à elle-seule a suffi à m’intriguer. Il s’avère qu’elle est bien loin de lui rendre justice.

Ce film est absolument unique, chose que l’on a pas vue dans le paysage audiovisuel depuis un petit moment… Il y a plusieurs films au sein de ce qui n’est pas du tout une suite, ni un prequel (dingue !). A la fois un huis-clos claustrophobique (la concomitance avec Room est troublante), un thriller apocalyptique à la Take Shelter et un film de S-F indescriptible.

Il y a autant de twists de scénario que de genres différents, le spectateur ne sachant jamais à quoi s’attendre. La grande originalité de ce film repose sur l’ambiguïté intenable dans laquelle évolue l’héroïne qui ne sait pas si cet homme inquiétant la maintient enfermée pour son propre plaisir ou véritablement pour la prémunir contre un monde extérieur ravagé par une attaque…

Côté casting: Mary Elisabeth Winstead (vue dans quantité de films, principalement mauvais, mais aussi dans Scott Pilgrim) assure la partition principale, avec charme et efficacité; John Goodman, que l’on avait pas vu aussi bon au moins depuis Argo, porte le film à lui tout seul. Il excelle dans ce rôle de tortionnaire à contre-courant de son image.

 

La fin est à la hauteur du scénario et vous met une énième claque dans la tronche.

Un film jamais vu, complètement dingue, le tout à « seulement » 15 millions de dollars: merci J.J !

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Star Wars, épisode VII: Le réveil de la force

Depuis que ce blog existe, c’est-à-dire trois ans déjà, je n’ai jamais eu de mal à éviter les spoilers. Jusqu’à aujourd’hui. Après beaucoup d’efforts, car Dieu sait que j’ai envie d’en dire des choses, je vous propose un nouveau post spoiler free.

Les soirées spéciales au cinéma (avant-premières, présence d’invités, remasterisations, etc) offrent toujours une ambiance spéciale; mais un nouveau Star Wars, je crois qu’il n’y a aucun équivalent. Outre quelques cosplays hasardeux et une proportion inédite de trentenaires boutonneux et gras du cheveu, c’est avant tout une salle de connaisseurs plus exigeants qu’il n’y paraît.

Et bien je peux vous le dire, qu’est-ce qu’elle a pu kiffer cette salle ! Tout n’est pas parfait, et je vous dirai notamment pourquoi, mais quel film ! L’action n’arrête jamais, les effets spéciaux sont parfaitement utilisés (vue à la première personne, scènes aériennes, et j’en passe), les nouveaux acteurs sont parfaitement castés (sauf un, à vous de trouver lequel), et les « gimmicks » de réalisation de la saga (notamment les zooms brusques sur les vaisseaux en plein combat, ou les transitions balayage et cercle) sont respectés.

Le plus gros défaut de ce film est la raison même pour laquelle il a vu le jour (après le pognon, cela va sans dire): c’est un film réalisé par un fan (J.J Abrams) pour les fans. Du coup il n’y a pas une scène, ni un personnage, ni un objet, ni un lieu qui ne fasse pas référence aux deux trilogies précédentes (surtout la première). C’est dans le scénario que cela gêne le plus: le fan de base, celui qui ne parle même pas le wookie, peut anticiper le déroulement de chaque scène dès qu’elle commence; plus grave, il peut d’ores et déjà anticiper ce que vont nous offrir les deux prochains opus de cette nouvelle trilogie. C’est dommage.

On ne peut qu’espérer que ce lot de références un peu lourdes n’avait d’autre but que « d’accrocher » la fan base (qui n’en avait pourtant pas besoin) avec ce premier film, pour se permettre plus de nouveauté dans les deux suivants. Espérons.

 

Quoiqu’il en soit, le réalisateur de Super 8 (bien entouré, entre autres des scénaristes de la première trilogie) offre un excellent divertissement qui va battre tous les records et dont les fans n’ont pas fini de parler.

En ce qui me concerne, je suis en plein débat intérieur pour savoir si je l’ai préféré à La menace fantôme (c’est un compliment, je l’adore) !

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