The Card Counter

Paul Schrader est peut-être un réalisateur inconstant, mais c’est un putain de dieu du scénario : Yakuza, Taxi Driver, Obsession, Raging Bull et La Dernière Tentation du Christ. Rien que ça.

Du coup je vois un nouveau film, produit par Scorsese, avec Oscar Isaac en tête d’affiche et un titre évoquant le monde des casinos : j’y vais, banco !


Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un film biiiiiiiiien plus profond que ça, presque un thriller psychologique avec en stars Oscar et le plus si jeune Tye Sheridan, établissant le lien improbable entre jeux de cartes et les tristement célèbres évènements d’Abou Ghraib.

Ce qui est devenu un traumatisme national est ici le parcours de notre héros, qui croise la route d’un jeune aux problématiques similaires…


Au risque de perdre certains spectateurs, Shrader parvient à zigzaguer pour échapper à toutes les classifications mais toujours en mettant à l’honneur les comédiens notamment via la très belle photographie de l’inconnu (ou presque) Alexander Dynan.

Un film étonnant, à découvrir a priori uniquement pour ceux qui ne paient pas 14,80 euros par séance.

PS : un grand MERCI pour ce titre non traduit.

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A Beautiful Day

A beautiful day…étrange adaptation du titre original You were never really here, plus évocateur et clin d’œil au I’m still here déjanté de Casey Affleck ; probablement trop peu compréhensible pour les gaulois.

Le marketing du film parle d’un Taxi Driver…le raccourci est assez simple, car basé uniquement sur des éléments bien précis de l’histoire (marginal, ancien militaire, brute au bon cœur qui sauve une jeune fille) qui ne font pas l’essence du long-métrage. S’il n’est pas exempt de défauts, contrairement au chef d’oeuvre de Scorsese, ce quatrième long de Lynne Ramsay (à qui l’on devait déjà l’excellent We need to talk about Kevin) a le mérite comparatif d’être beaucoup plus libre, inclassable, et même plus graphique.

 

Le scénario, relativement contemplatif jusqu’à la moitié du film où les « affaires » commencent, est extrêmement bien ficelé (mais ne méritait peut-être pas le Prix du Scénario à Cannes) ; en revanche la réalisation, elle, est d’une justesse et d’une fraîcheur qui aurait pu rafler la Palme d’or si Ruben Östlund n’était pas déjà passé par là. Les effets, les tableaux, la lumière, la mise en scène…un petit régal.

 

Joaquin Phoenix, un de mes acteurs préférés et un des rares dont la filmographie soit encore immaculée (soyez sympa, on pardonne Signes), est tout simplement magnétique. Il porte intégralement l’interprétation du film, avec toute la finesse et la force brute (quelle intensité dans ce regard !) dont il simultanément capable, épisodiquement épaulé par la jeune et talentueuse Ekaterina Samsonov.

Un prix d’interprétation à Cannes pas volé pour un sou, qui vient s’ajouter tout de même à trois nominations aux Oscars, une Coupe Volpi à Venise et un Golden Globe. A quand l’Oscar ?

 

Le score de Jonny Greenwood, le guitariste de Radiohead, est tout à fait à la hauteur en termes d’intensité.

 

Saluons enfin le fait que ce film soit une coproduction française menée par Why Not Productions, une des boîtes françaises les plus ambitieuses et une des seules à pouvoir porter des projets de cette ampleur et de cette qualité (comment ça j’essaie de me faire embaucher ? C’est faux !).

 

A voir absolument.

martin