Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore

Face à une vacuité totale de la programmation de films français cette semaine, j’en suis contraint à aller voir le troisième volet d’une saga que j’ai à peine suivie. Ou bien…

Ce n’est qu’en écrivant ce billet que je réalise que j’ai bien vu les deux volets précédents, au cinéma bien comme il faut, et à chaque fois poussé par l’absence de concurrence. Sont forts ces américains.


J’en profite donc en sortie de salle pour relire mes deux billets précédents (Les Animaux fantastiques : Les Crimes de Grindelwald et Les Animaux fantastiques) : ma conclusion sera ici tristement la même, à quelques nuances près.

Eddie Redmayne et/ou le personnage qu’il a voulu installer sont toujours aussi horripilants, à mi-chemin entre la victime permanente et son rôle dans Une merveilleuse histoire du temps. Par ailleurs l’intérêt réside toujours dans les autres rôles, et au premier chef Jude Law en Dumbledore (LE vrai héros de tout l’univers Harry Potter, sans aucun doute) ainsi que Dan Fogler dans le rôle du moldu bien con mais bien brave (comme ça on peut s’identifier facilement, et ouais pas con les gars).

Les effets visuels sont toujours très satisfaisants, mais ici plus sur les combats que sur les bestioles du héros ; on a par ailleurs (et en toute détente) changé de comédien pour le méchant en passant de Johnny Depp à Mads Mikkelsen. Ni vu, ni connu.


Si l’on passe outre les gros sabots du parallèle entre le scénario et la montée des extrêmes/populismes en Occident (ici aidés par les allemands, COMME PAR HASARD), on passe un bon moment de divertissement.

Et c’est là tout le talent : me faire oublier le monde réel pendant 142 minutes avec une saga dont je ne sais même plus à chaque fois si je l’ai suivie, et dont la majorité des personnages ne m’attire même pas la moindre sympathie.


Je vous dis, sont bons ces américains.


Drunk

Ayant déjà goûté le duo Mads Mikkelsen et son réalisateur Thomas Vinterberg dans le sublime La Chasse, je ne pouvais qu’être surexcité par ce nouveau film racontant l’expérience menée par un groupe d’amis et consistant à maintenir en permanence un certain niveau d’alcoolémie.

C’était en tout cas ainsi que le présentait la presse et la bande-annonce. J’attendais donc sagement une comédie arty de bonne facture, au vu des sacrés CV des deux monsieurs susmentionnés. Mais c’est en vérité tellement plus…

On découvre tout d’abord la bande de potes, indéniablement un côté Le coeur des hommes (quatre potes quarantenaires, et profs !) qui n’est pas sans me plaire, avec néanmoins un focus sur le personnage de Mads. De loin le plus torturé, on sent vite que cette « expérience » aura plus de conséquences et d’enseignements pour lui.

Avec toute la finesse du jeu de cet immense acteur (on peut lire une scène entière sur son visage), Vinterberg livre comme à son habitude une subtile oscillation entre psychologie humaine et émotion visuelle. Mention spéciale également à la magnifique (et bien nomméee) Maria Bonnevie.

Ce sens du drame, dans son acceptation littérale, est bien plus fort que dans La Chasse où le caractère « exceptionnel » des évènements rendait plus difficile l’identification. Ici c’est toute la tragédie du Monsieur tout le monde, la déchéance du quotidien, qui semble-t-il n’ont jamais été aussi bien retranscrites.

Quel génie que de prendre pour prétexte, si ce n’est pour alibi, l’expérience d’un sombre psychologue norvégien pour au final explorer non seulement notre rapport sociétal à l’alcool mais nos cellules familiales au sens large !

Ce thème de l’alcool décomplexé, solution (de prime abord) à tous les problèmes, est il faut le dire particulièrement rafraichissant en cette époque de « A consommer avec modération », « 3 fruits et légumes par jour » et autres couvre-feux…

Que dire de la fin, à interpréter à l’aune de votre état d’esprit du moment : poésie visuelle, chargée de sens et de goût de la vie. A ce stade du film, vous ne faites déjà plus qu’un avec le personnage principal.

Comme s’il avait anticipé mes désirs, le réalisateur danois livre un Coeur des hommes mais au niveau de Sorrentino et sa Grande Belleza. Rien que ça.

Voilà un film comme je les aime, dont on sort comme après un long rêve ; comme après avoir vécu une vie.

Affiches, posters et images de Drunk (2020) - SensCritique

Arctic

Vous le savez je suis assez fan de Mads Mikkelsen. Mais aussi de films mettant en avant les grands espaces, qui appellent au côté sauvage de l’Humain. Et bim, un film islandais réalisé en 19 jours (et produit en 45 jours !) par un guitariste/youtubeur brésilien dont c’est le premier long et, cerise sur le gâteau, Mads dit que ce fut le tournage le plus difficile de sa carrière (cf cet excellent article).

Ok : je suis surexcité par ce film.

 

Quelle claquasse…non seulement c’est beau, très beau même (premier long, chapeau !), mais en prime il n’y a pas le désormais habituel vernis « histoire vraie ». C’est juste une histoire écrite, et plutôt bien d’ailleurs. Les deux scénaristes (dont le réalisateur Joe Penna) parviennent à rendre originale cette histoire dans le genre pourtant très « castrateur » de la survie extrême, ce qui est un tour de force en soi.

Bien qu’il soit relativement plus débrouillard que la moyenne, le héros n’en est pas moins un Monsieur tout le monde qui flippe sa race et auquel on peut donc s’identifier facilement. Beaucoup plus que si l’histoire avait été sur Mars, comme c’était le cas à la genèse du projet.

 

A des années lumières de PolarMads livre ce qui est sans aucun doute sa meilleure performance depuis Michael Kohlhaas. Comme quoi c’est un danois sauvage mon Mads, il ne donne tout son potentiel que quand il est en pleine nature à se cailler les miches.

 

En raison de sa production pour le moins atypique, ce film souffre d’une distribution relativement limitée bien que déjà impressionnante pour un réalisateur inconnu. En témoigne la salle toute pourrie dans laquelle j’étais le lendemain de sa sortie…mais elle était pleine !

Et ce film mérite largement des salles combles. Alors je vous en conjure, allez rendre hommage à Mads plutôt que d’enrichir De Chauveron et sa bande.


Polar [Netflix Only]

Quelle déferlante de films originaux Netflix ! La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, alors je me suis dit qu’un film un peu « pop » adapté d’un comics serait potentiellement moins mauvais. Mouais.

 

Dès l’introduction on est dans le bain : grosse scène WTF avec Johnny Knoxville, des inserts très flashy à la Suckerpunch, en bref du pas très sérieux fait avec beaucoup d’argent. Et puis débarque le grand, l’immense Mad Mikkelsen…avec une moustache.

Au final c’est bien lui le seul attrait de ce film loufoque, resucée de John Wick (la série arrive d’ailleurs !) à la sauce comics. Et oui, ce même gars qui joue pour Arnaud des Pallières, dans Star Wars ou seul dans l’arctique est aussi capable de faire du nanar sur Netflix. Fort quand même.

 

En bref on a de l’humour emprunté à la saga précitée, du gore à la Eli Roth et du sexe explicite (merci Netflix !). En bonus vous avez une belle moustache et Katheryn Winnick (mais si, dans Vikings…), mais elle ne prend pas part aux activités impliquant de la nudité mentionnées plus haut. Désolé.

Allez offrez-vous ce petit plaisir coupable, ce fameux soir de semaine ou vous ne parvenez plus à trouver quoique ce soit sur Netflix. Bon courage pour vendre ça à votre moitié !


Doctor Strange

Un nouveau super-héros Marvel mal-aimé (inconnu pour la plupart), usant de magie, interprété par Benedict Cumberbatch, le tout réalisé par Monsieur Sinister et mis en image par l’immense société Industrial Light and Magic ? J’achète !

Et pour une fois, je n’ai pas été déçu ! Cumberbitch devant l’éternel, bien que regrettant secrètement un rôle aussi formaté pour notre Benedict, je me suis délecté de ses petites touches d’humour distillées avec parcimonie (ce qui n’est pas exactement la politique habituelle chez Marvel Studios) et de sa présence physique sans pareille. Finalement un personnage aussi mystique, baignant dans la magie et la méditation, va comme un gant à cet acteur multifacettes qui a jadis vécu un an dans un monastère tibétain.

Tout n’est pas rose non plus…ou justement si, je ne sais pas. Dès la scène d’introduction, on nous balance au visage l’intégralité des effets prévisualisés dans la (très réussie) bande-annonce et l’on ne peut pas s’empêcher de se dire que cela fait beaucoup. Techniquement bluffant, mais petite céphalée tout de même.

Le casting est plus que correct: Mads Mikkelsen a une queue de cheval et de grosses poches sous les yeux, Chiwetel Ejiofor se tape le rôle du disciple aveuglé et Tilda Swinton celui du leader spirituel (chauve), Rachel McAdams est presque moins énervante que d’habitude (qui a dit: « parce qu’on ne la voit pas » ?!), et enfin mon petit chouchou Michael Stuhlbarg est cantonné à ce qui restera comme un des pires seconds rôles de l’histoire, le collègue pleutre.

 

Naturellement  le genre n’est pas réinventé, une entité surpuissante venue d’un autre univers veut toujours avaler la Terre. Jusque-là tout va bien. En revanche on ne peut s’empêcher de ressentir un petit quelque chose de différent, un effort perceptible. Son nom serait-il…Benedict ?

Je manque clairement d’objectivité.

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The Salvation

Un western européen avec un casting à l’américaine, dont le titre n’a pas été traduit (Alléluia !), et en plus Mads Mikkelsen en héros ? J’achète direct.

C’est un bon vrai western violent, avec tout ce qu’il faut de fusillades et de poursuites à cheval, le tout sur fond de drame à la Gladiator (le héros qui perd sa famille, jure de se venger, etc). Alors oui c’est un peu cousu de fil blanc, on sait qui va gagner et comment, mais qu’est-ce que c’est bon ! Ce film prend son temps, le réalisme a clairement été un souci, la musique respecte le genre et enfin  la photographie est magnifique.

Côté casting: Mikkelsen est tout bonnement parfait, sa gueule unique fait le job à elle toute seule (comment oublier Le Chiffre…); Jeffrey Dean Morgan fait un excellent méchant détestable à souhait (Comedian, I love you); Eva Green ne m’a trop énervée pour une fois, les scénaristes ayant eu l’excellente idée d’en faire une muette; le frère du héros est brillamment interprété par Mikael Persbrandt, suédois méconnu (plus pour longtemps); enfin, Jonathan Pryce se fait bien dérouiller la gueule et notre Cantona national hérite d’un rôle bien maigrichon, dommage.

En bref, une production de très bonne qualité.

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The Salvation, un western réalisé par un danois et dont les personnages sont incarnés par des européens (Eva Green, Eric Cantona, Mikael Persbrandt et surtout Mads Mikkelsen). Et si c’est formule était celle qu’il fallait pour enfin voir un bon western depuis Open Range de et avec Kevin Costner ?

Le réalisateur est un amoureux du genre et cela se ressent: par la caméra posée, la lenteur des plans et surtout le soin apporté aux personnages. Ici ils sont froids, les émotions ressortent rarement à part pour déchainer la violence. Contrairement aux westerns hollywoodiens récents (3h10 pour Yuma, Appaloosa ou encore Jonah Hex), le réalisateur opte pour le réalisme des affrontements mais aussi des relations et des décisions prises par les personnages. Surtout, le réalisateur parvient toujours à créer une tension dans les scènes les plus importantes, notamment la scène de 10 minutes (dans la diligence) au début du film.

Finalement, le film n’est pas forcément original, un scénario à la Gladiator sous certains aspects, mais il est efficace grâce à ses trois acteurs principaux (Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan et surtout la surprise Mikael Persbrandt dans le rôle du frère.)

C’est un bel hommage aux films de Sergio Leone mais il faut aimer ce genre en voie de disparition pour apprécier ce film à la fois frais et old school.

 

Note du blogueur hôte: la double référence à Gladiator est un hasard total, ou pas si l’on considère que nous avons les mêmes vidéothèques !