Nous trois ou rien

Autant vous le dire tout de suite: ce film est une perle. Il reflète ce qu’il peut y avoir de plus beau dans le cinéma français, mais aussi dans la France en général et chez le peuple iranien.

L’humoriste/acteur/rappeur (ça vaut le détour, voir ici !) Kheiron, avant d’être le pote un peu lourd de Bref, est le fils de deux héros de la démocratie iranienne. Deux héros ordinaires de l’intégration aussi, en somme deux belles personnes. Tout ça fait un excellent scénario.

Mais un scénario seul n’est rien, et c’est bien là tout le talent du primo-réalisateur: la réalisation n’est pas pompeuse pour un sou et se permet même des petits effets sympas (notamment en prison), mais surtout le casting est hallucinant de qualité.

Le réalisateur, qui interprète le rôle principal (celui de son père donc), est excellent de justesse (chose qu’il n’avait pas pu prouver dans Bref ou Les gamins); Leïla Bekhti est un choix on ne peut plus parfait, et porte presque à elle seule toutes les scènes de grande émotion du film; Gérard Darmon et Zabou Breitman assurent avec brio le rôle des beaux-parents du héros, le premier étant tout simplement hilarant; on apprécie enfin la présence de têtes connues comme Eriq Ebouaney, Michel Vuillermoz, Jonathan Cohen (dont je suis tout bonnement amoureux depuis la dernière saison d’Hero Corp) ou encore Alexandre Astier impayable en Shah d’Iran.

Tout le talent de ce film consiste à raconter des évènements graves voire tragiques, par ailleurs trop survolés à mon goût dans les programmes scolaires, avec un humour omniprésent et hyper efficace. De plus, et c’est assez rare pour être noté, la peinture de la vie en banlieue et de ses problèmes est ici bienveillante sans tomber dans le cucu ou la caricature (Qui a dit Je suis à vous de tout de suite ?); aucun exemple de film ayant réussi cet exploit ne me vient à l’écriture de ces lignes.

Je ne sais pas si Kheiron réalisera d’autres films, car celui-ci est éminemment personnel, mais il peut s’arrêter là avec les honneurs.

C’est une perle.