La troisième guerre

L’opération Sentinelle : depuis plus de six ans, cette guerre sans gloire ni honneur et dont l’utilité réelle est fréquemment remise en question a fait de nombreux blessés et a causé un nombre non négligeable de suicides dans les rangs de l’armée (souvent des jeunes engagés de moins de 25 ans).

Véritable euphémisme donc que de pointer là un excellent sujet. Mais, une fois n’est pas coutume, un bon thème n’exclut pas une vacuité totale quand il n’y a aucun propos.


Tout dans ce film, du héros white trash alcoolique au poncif de la militaire qui cache sa grossesse, est d’un manque abyssal d’originalité.

Absence de traitement du sujet, si ce n’est de nous expliquer avec de gros sabots pourquoi ces jeunes préparés pour la guerre ont l’impression de ne servir à rien sur la voie publique et comment le tout va finir en drame. Ça alors, quelle surprise…

Et je vous épargne la mini branlette intellectuelle sur la banalisation des armes de guerre dans le quotidien des citadins, et l’arc narratif inutile au possible du héros (interprété par un Anthony Bajon peu inspiré et certainement pas inspirant) qui discute par téléphone avec une inconnue.


Probablement persuadé de réaliser le Full metal jacket français de 2021, Giovanni Aloï nous pond un objet convenu et ne traitant nullement un sujet grave qui mériterait (au moins) un excellent documentaire.

A bon entendeur…

La Troisième Guerre" nous fait regarder ces soldats de l'opération  Sentinelle qu'on ne voit plus | Le HuffPost

American Sniper

Réalité, Kingsman, Bob l’éponge le film, et ce nouveau Clint Eastwood: grosse journée pour les cinéphiles. Je dois avouer que j’attendais le dernier plus impatiemment que les autres, à la fois en tant que passionné de la chose militaire qu’en tant que lecteur du livre à l’origine de ce film. Et je l’avais adoré.

Le mythe des Navy SEAL n’en finit pas de faire rêver: le stage BUD/S, le fameux trident, la crème de la crème des armées américaines. La preuve en est que le dernier film de guerre moderne en date (Du sang et des larmes) était aussi inspirée d’un SEAL, Marcus Luttrell (qui d’ailleurs parle dans ses deux livres de Chris Kyle, héros d’American Sniper, qu’il a croisé sur le terrain). On peut aussi citer GI Jane (A armes égales), film très sous-estimé de Ridley Scott.

J’ai adoré ce film avant même qu’il ne commence, grâce à ses bandes-annonces: très peu nombreuses, et ne dévoilant que les premiers instants du film. On approuve.

Petite listes de défaut, histoire de s’en débarrasser: certaines scènes où on voit « la grosse ficelle », Clint avec ses gros sabots patriotiques si je puis dire; des détails douteux comme les coups de fil personnels sur le terrain et via un téléphone GPS sécurisé (bien que les SEALs disposent d’une certaine liberté, comme en attestent leur barbe autorisée ou les logo du comic Punisher sur leur véhicules); enfin, le faux bébé le moins bien fait de l’Histoire. Voilà.

 

Pour tout le reste, rien à dire: bonne alternance de scènes de tension et de retours à la maison (comme dans le livre), scènes d’action à couper le souffle… La scène finale, particulièrement bien écrite et intense dans le livre, est parfaitement retranscrite à l’écran. Quant à Bradley…il est P A R F A I T. Qui a dit Oscar ?!

 

J’ai passé un excellent moment. Et vous vous doutez bien de ce que je pense des critiques contre l’ultra-patriotisme à l’américaine, ou la glorification du sniper soldat « lâche ». Chris Kyle est un héros. Si notre pays pouvait retrouver ne serait-ce qu’un dixième du patriotisme américain…

J’ai deux envies après ce film: relire le livre, et retourner à l’armée (j’ai eu la chance d’effectuer un « mini-service militaire dans un des plus fiers régiments de notre pays) !

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